Loading...

Sciences / Recherche

Chroniques de l'espace-temps

Intéragir avec ce blog

Retour mosaic des blogs
Chroniques de l'espace-temps

A PROPOS

Blog de vulgarisation grand public traitant de sujets scientifiques et historiques

DERNIERS ARTICLES

Et si Stonehenge avait d'abord été construit au Pays de Galles ?

Archéologues et géologues britanniques ont confirmé l'origine des "pierres bleues" du premier cercle du site mégalithique, tout en laissant entendre qu'elles provenaient d'un premier monument Gallois.

9273198.png

Stonehenge nous réserve décidément bien des surprises. Depuis quelques mois, les révélations se succèdent sur le site mégalithique, inscrit au patrimoine mondial de l'humanité. Les archéologues ont tout d'abord fouillé les environs, et trouvé de nombreux éléments montrant que Stonehenge n'était pas un cercle de pierres isolé en rase campagne mais bien une partie, certes importante, d'un grand site rituel comprenant également des habitations. Durrington Walls, à trois kilomètres de là, était semble-t-il un lieu de rassemblement et de vie lié à Stonehenge, et on y a même découvert 90 menhirs enterrés. Les archéologues ont même pu déterminer une partie des us et coutumes en vigueur, dont le régime alimentaire de ses occupants.

La source des "pierres bleues"

Aujourd'hui, ce sont les "pierres bleues", constituant le premier cercle de Stonehenge, qui font l'objet de révélations étonnantes. il faut tout d'abord savoir que Stonehenge ne s'est pas, contrairement à la légende, édifié en un jour. Le monument a évolué pendant des siècles. Des fossés de terre, suivis d'une première enceinte de bois, ont été les premières étapes. Puis est venu un premier cercle composé de blocs de "pierre bleue" (bluestone). Ce n'est qu'ensuite que les gigantesques blocs de "pierre de sarcen" (du grès local) de plus de 10 tonnes ont été érigés.

616px-Stonehenge_plan.jpg

Plan du site de Stonehenge. 1. la pierre d'autel ; 2 et 3.tumuli ; 4. la pierre de sacrifice ; 5. la « Heel Stone » (pierre talon) ; 6. deux des quatre « stations » ; 7, 8, 9. fossés, talus ; 10. l'« avenue » monumentale, qui mène à la rivière Avon, à trois kilomètres à l'est ; 11 et 12. les deux cercles de 30 trous « Y » et « Z » ; 13. les 56 trous d'Aubrey ; 14. entrée secondaire.
Le monument (cromlech) est situé à l'intérieur du cercle 12 : les mégalithes de grès « sarsen » sont en gris, et les « pierres bleues » en bleu.  (Dessin de Adamsan via Wikimedia Commons)

Si l'origine de la "pierre de sarcen" n'est pas un mystère, les pierres bleues, elles, ont alimenté les discussions depuis que les archéologues s'intéressent à Stonehenge. Ces pierres sont de deux types différents  : de la dolérite et de la rhyolite. Deux sortes de roches qui n'existent pas autour de Stonehenge.

Les archéologues ont donc cherché la source des "pierres bleues", des blocs certes plus petits que les gigantesques "pierres de sarcen", mais qui pèsent tout de même dans les deux tonnes. Plusieurs théories ont été émises au fil des années, avant qu'une zone géographique ne se détache du lot des possibles : les collines de Preseli, à l'ouest du Pays de Galles, à quelques 280 kilomètres de Stonehenge. Cette hypothèse, émise dès 1923, a peu a peu reçu des confirmations, notamment grâce aux moyens modernes d'analyse permettant de reconnaître les types de pierre et de confirmer leur origine.

Restait à identifier exactement les carrières d'où la dolérite et la rhyolite avaient été extraites, et il semble que ce soit aujourd'hui chose faite, grâce à une campagne de fouilles menée par une équipe d'archéologues et de géologues de plusieurs universités britanniques, qui viennent de publier leurs résultats dans la revue spécialisée Antiquity. Deux carrières, dans les collines de Preseli, seraient bien celles d'où les "pierres bleues" ont été extraites: la dolérite viendrait de Carn Goedog et la rhyolite de Craig Rhos-y-felin.

De là, les pierres auraient donc été transportées vers le nord pour rejoindre la mer, puis emmenées par bateau, ou alors acheminées par voie de terre vers l'est. Cette dernière thèse est privilégiée par le professeur Mike Parker Pearson, archéologue de l'University College de Londres et directeur du projet. "Chacun des 80 monolithes pesait moins de deux tonnes, aussi des groupes de personnes ou des boeufs auraient pu réussir cela."

stonehengebl.jpg

Les fouilles à Craig Rhos-y-felin (Courtesy of Adam Stanford © Aerial-Cam Ltd, via University College London)

"Stonehenge était un monument Gallois"

Dans ces carrières, qui exploitent des affleurements rocheux, les ouvriers préhistoriques inséraient des pieux de bois dans les fissures entre les piliers naturels que forment ces types de minéraux. Ils n'avaient alors plus qu'à laisser agir la pluie galloise, qui faisait alors gonfler le bois jusqu'à ce que les morceaux se détachent. "Les ouvriers de ces carrières abaissaient alors les fins piliers sur des plateformes de terre et de pierre, une sorte de "quai de chargement" à partir duquel les pierres monumentales pouvaient être emportées le long de pistes conduisant hors de chaque carrière", détaille le Dr Josh Pollard, archéologue à l'université de Southampton.

Les chercheurs ont découvert des restes des feux de camp allumés par ces ouvriers préhistoriques, et en les datant, ils ont pu constater que ces affleurements avaient été exploités à plusieurs reprises : durant le néolithique, voici 4 à 5000 ans, et à l'âge du Bronze, voici 4000 ans. "Nous avons des dates autour de 3400 avant notre ère pour Craig Rhos-y-felin et 3200 avant notre ère pour Carn Goedog, ce qui est intrigant car les pierres bleues ne sont pas érigées à Stonehenge avant les environs de 2900 avant notre ère", s'interroge le professeur Parker Pearson. "Les porteurs de pierre néolithiques auraient pu prendre 500 ans pour amener ces pierres à Stonehenge, mais c'est plutôt improbable de mon point de vue. Il est plus probable que les pierres ont été d'abord utilisées dans un monument local, quelque part près des carrières, qui a été ensuite démantelé et transporté jusqu'au Wiltshire" (région de Stonehenge).

Beddarthur_standing_stone_circle,_Preseli_Mountains_-_geograph.org.uk_-_258436.jpgDe tels monuments mégalithiques existent dans cette zone de l'ouest gallois. Par exemple, la "tombe d'Arthur", ou "Bedd Arthur", qui se trouve également dans les collines de Preseli. L'ancêtre de Stonehenge pourrait lui ressembler.

Reste à trouver ce monument gallois "pré-Stonehenge". Pour le professeur Kate Welham, de l'université de Bournemouth, les restes de cet ancien monument se trouvent quelque part entre les deux carrières. "Nous avons réalisé des études géophysiques, des excavations et des analyses de photos aériennes de la zone, et nous pensons avoir trouvé le site le plus probable. Les résultats sont très prometteurs, et nous pourrions trouver quelque chose d'important en 2016", assure-t-elle. D'autres fouilles sont en effet programmées pour l'an prochain.

"Stonehenge était un monument gallois depuis son origine", renchérit le professeur Parker Pearson. "Si nous pouvons trouver au Pays de Galles le monument original à partir duquel il a été construit, nous serons enfin capables de résoudre le mystère de la raison de la construction de Stonehenge, et expliquer pourquoi certaines de ses pierres ont été transportées aussi loin".

Photo : Monument de Bedd Arthur (la "tombe d'Arthur") dans les collines de Preseli. Les pierres bleues de Stonehenge pourraient provenir d'un cercle similaire. (Andrew Howey via Wikimedia Commons)

 

 

http://espace-temps.blogs.nouvelobs.com/archive/2015/12/10/et-si-stonehenge-avait-d-abord-ete-construit-au-pays-de-gall-575273.html

La planète exilée loin de son jeune soleil...

starpix1.jpgL'étoile HD 106906 se trouve à 300 années-lumière, dans la direction de la constellation de la Croix du Sud (visible dans l'hémisphère sud). C'est une étoile assez similaire à ce qu'était le Soleil, mais beaucoup plus jeune : 13 millions d'années, à comparer aux quelque quatre milliards et demi de notre propre étoile. Elle est aussi entourée d'une ceinture de comètes, que les astronomes ont pu détecter grâce au télescope spatial Hubble et au Gemini Planet Imager (Chili).

Mais le plus étonnant dans ce système, c'est la planète HD 106906b. C'est une grosse planète, d'une masse équivalente à 11 fois celle de Jupiter. De telles géantes ne sont pas rares, et ce n'est pas son "poids" qui fait l'originalité de HD 106906b, mais sa position. La planète est en effet très loin de son étoile, beaucoup plus loin que tout ce que nous pouvons observer dans notre propre système solaire. Elle se situe à 650 fois la distance Terre-Soleil, soit 16 fois plus loin que ne l'est Pluton du Soleil.

HD 106906b pourrait également ressembler davantage à Saturne qu'à Jupiter : elle aurait un anneau. "Nous pensons qu'elle a pu capturer des matériaux de la ceinture de comètes et qu'elle est entourée par un grand anneau de poussières ou d'un linceul de poussière", explique Paul Kalas, de l'université de Berkeley, co-auteur d'une étude sur ce système parue dans The Astrophysical Journal.

La planète aurait acquis cet anneau lors de sa formation ou en traversant la ceinture de comètes. Car l'une des thèses pour expliquer sa distance inhabituelle à son étoile est qu'elle se soit formée beaucoup plus près... avant d'être exilée. L'orbite inclinée de cette planète par rapport à la ceinture de comètes serait également un indice de cette histoire mouvementée. En analysant les images de l'anneau cométaire, les chercheurs ont pu également constater qu'il était de forme inégale, plus fin en direction de la planète et plus épais à l'opposé de celle-ci. "Ces découvertes suggèrent que le système planétaire dans son ensemble a été récemment bousculé par une perturbation inconnue provoquant son état asymétrique présent", précise le chercheur.

C'était peut-être à cause d'une autre étoile passée un peu trop près, ou par une autre planète géante se trouvant plus à l'intérieur du système, mais les perturbations de ce genre ne semblent pas rares autour de jeunes étoiles. On pense d'ailleurs que dans l'enfance de notre système solaire, Jupiter aurait pu changer d'orbite, expulsant d'autres planètes.  Pour l'instant, on n'a détecté que HD 106906b autour de son étoile, mais d'autres planètes se trouvent peut-être dans une zone plus proche d'elle que la ceinture de comètes. Le "vide" que l'on constate dans la région centrale laisse en effet penser qu'un système planétaire a pu s'y former.

"Est-ce une image de notre système solaire lorsqu'il avait 13 millions d'années ?" se demande Paul Kalas. "Nous savons que notre propre ceinture de comètes, la ceinture de Kuiper, a perdu une grande partie de sa masse dans son évolution, mais nous n'avons pas de machine à voyager dans le temps pour retourner en arrière et voir comment elle a été décimée. Une méthode, cependant, est d'étudier ces épisodes violents de perturbations gravitationnelles autour d'autres étoiles jeunes qui expulsent beaucoup d'objets, y compris des planètes".

Le système d'HD 106906 va rester sous observation, et pourrait bien receler d'autres mystères.

Crédit image :  Images de HD 106906 (occultée par un filtre). L'étoile est entourée d'un essaim de comètes. On peut également voir la "planète exilée", HD 106906b (Paul Kalas, UC Berkeley)

 

http://espace-temps.blogs.nouvelobs.com/archive/2015/12/02/la-planete-exilee-loin-de-son-jeune-soleil-574578.html

Le régime amaigrissant des vieilles étoiles géantes

eso1546a.jpgSi vous aimez observer le ciel par une belle nuit d'automne, vous savez probablement repérer l'étoile la plus brillante du ciel, Sirius. Située dans la constellation du Grand Chien (Canis Major), Sirius n'est pourtant pas si imposante, ce n'est qu'un système double dont la plus grosse n'est que deux fois plus massive que le Soleil. Mais comme le système de Sirius est proche (un peu plus de 8 années-lumière), nous le voyons très brillant. En revanche, VY Canis Majoris, elle, n'est pas visible à l'oeil nu. Située dans la même petite constellation du Grand Chien, c'est pourtant l'une des plus gigantesques étoiles connues : si on la mettait à la place du Soleil, sa surface s'étendrait au-delà de l'orbite de Jupiter ! Elle est également 300 000 fois plus lumineuse que notre propre étoile. Mais comme elle se trouve à 3900 années-lumière, il faut au moins un petit télescope pour l'apercevoir.

Les hypergéantes du type de VY Canis Majoris vieillissent très vite, et leur espérance de vie, à l'échelle stellaire, n'est pas grande. En effet, une étoile existe dans un équilibre entre la pression des radiations provenant des réactions nucléaires en son coeur et la force exercée par la gravitation. Dans le cas d'une hypergéante comme VY, cet équilibre semble précaire : elle perd des quantités importantes de la matière de son atmosphère (les couches externes de l'étoile). Ainsi, on estime que chaque année VY Canis Majoris perd environ 30 fois la masse du Soleil. La poussière et le gaz ainsi éjectés forment alors des nuages autour de l'étoile, et restent dans ses environs jusqu'à l'explosion inévitable qui marquera la fin de l'hypergéante : une supernova. Mais le processus exact permettant à ce type d'étoiles de "maigrir" était mal connu. La pression des radiations était évoquée, certes, mais dans l'atmosphère stellaire, elle semblait trop faible pour avoir un tel effet.

Les dernières observations en date de VY Canis Majoris, effectuées grâce à l'instrument SPHERE du Very Large Telescope de l'observatoire européen austral (ESO) ont permis d'analyser en profondeur les grains de poussière de ces nuages, et ont révélé qu'ils étaient une cinquantaine de fois plus gros que ceux que l'on trouve normalement dans l'espace interstellaire. Les radiations exerceraient donc leur pression sur une surface suffisamment importante pour que leur force éjecte ces poussières au loin.

"Les étoiles massives ont des vies courtes", explique Peter Scicluna, de l'institut d'astronomie et d'astrophysique de l'Academia Sinica (Taïwan), auteur principal d'une étude parue dans Astronomy & Astrophysics.  "Lorsqu'elles approchent de leurs derniers jours, elles perdent une masse importante. Dans le passé, nous ne pouvions que théoriser sur la manière dont cela se produisait. Mais maintenant, avec les nouvelles données de SPHERE, nous avons trouvé de plus gros grains de poussière autour de cette hypergéante. Ils sont suffisamment gros pour être poussés au loin par la pression intense des radiations de l'étoile, ce qui explique la perte rapide de masse de l'étoile".

VY Canis Majoris va donc poursuivre son régime amaigrissant jusqu'à la fin. Une fin explosive, sous forme de supernova, qui devrait se produire très bientôt... à l'échelle cosmique. Soit dans quelques centaines de milliers d'années. Nos descendants pourront alors assister à un beau spectacle, et voir VY Canis Majoris illuminer le ciel...

Crédit photo : VY Canis Majoris, l'une des plus grosses étoiles connues de la galaxie. Sur la photo, prise gr-ace au VLT, l'étoile elle-même est occultée par un cache pour mieux distinguer les nuages qui l'entourent (ESO)

Video : Voyage virtuel vers VY Canis Majoris (ESO/Digitized Sky Survey 2/N. Risinger (skysurvey.org) Musique: Johan B. Monell)

http://espace-temps.blogs.nouvelobs.com/archive/2015/11/26/le-regime-amaigrissant-des-vieilles-etoiles-geantes-574087.html

Partenaire Sciences / Recherche

THALES

Partout où des décisions critiques doivent être prises, Thales est présent. Dans un monde de plus en plus mobile, interconnecté et interdépendant, nos solutions aident nos clients à choisir la meilleure option et à agir en conséquence. Le groupe est porté par la quête d’innovation – Thales a ainsi consacré 2,5 milliards d’euros à la recherche et au développement l’année dernière.
Sa large représentation sur les réseaux sociaux, sa constante innovation notamment en termes d’application mobiles contribuent à renforcer et développer l’e-attractivité de Thales. C’est donc tout naturellement que le Groupe a choisi de soutenir les Golden Blog Awards, catégorie Sciences et Recherches.