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A PROPOS

Un blog dédié aux différentes facettes de la pop culture (BD, séries TV, romans, cinéma, jeux...) et proposant à la fois des chroniques acides et argumentées ainsi que des pastilles humoristiques.

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Spider-Man/Hulk/Deadpool : Identity Wars



Retour sur un récit complet associant le Tisseur, le Géant Vert et le plus cinglé des mercenaires : Identity Wars.

En 2012, Panini publie la saga Identity Wars dans le cinquième numéro de sa revue kiosque Marvel Universe (vol. 2). Il s'agit en fait d'une histoire publiée à l'origine dans les annuals 2011 des séries Amazing Spider-Man, Deadpool et Incredible Hulks, ce qui permet à trois des poids lourds de la Maison des Idées de s'associer pour une aventure classique mais contenant quelques surprises sympathiques.
Voyons tout d'abord le pitch.

Alors que Peter Parker travaille tard dans la nuit aux laboratoires Horizon, un groupe de malfaiteurs, aidé par Deadpool, fait irruption dans le bâtiment. Leur but est d'utiliser un translocateur pandimensionnel quantique, une machine permettant d'explorer d'autres dimensions, afin de trouver un monde plein de richesses et si possible sans super-héros pour les protéger.
L'opération tourne à la confrontation lorsque Spider-Man et Hulk (Banner étant présent sur les lieux) s'en mêlent. Suite à une surcharge, Deadpool, Spidey et Hulk sont projetés sur une terre parallèle bien différente de leur monde d'origine. Ils vont en effet faire de surprenantes découvertes, dont l’Étonnante Araignée, alter ego surpuissant du Parker de ce monde. Peter, après avoir fait la connaissance de ce dernier, découvre que Gwen Stacy est encore vivante dans cet univers, tout comme d'ailleurs son oncle Ben.
Malheureusement, il ne va pas tarder à se rendre compte que quelque chose cloche avec le gentil tonton...


Le scénario est de John Layman (auteur de Tony Chu et ayant œuvré sur quelques Marvel Zombies, et pas les plus mauvais). Les dessins sont de Lee Garbett, Juan Doe et Al Barrionuevo.
Le résultat graphique tient bien la route et reste assez homogène. Quelques scènes musclés bien impressionnantes et une galerie de vilains permettant aux super-slips de se défouler : notons la présence du Rhino, d'Octopus, d'un Hulk Infernal (avec la participation amicale de Mephisto) et d'un Fatalis nouvelle version.
Au niveau du récit, la Maison des Idées (qui n'en a finalement pas tant que ça) nous refait le coup de l'univers alternatif. Rien de neuf de ce côté mais reconnaissons que ce nouveau monde réserve quelques bonnes surprises, d'autant que les personnages qui y sont projetés sont tout de même ceux de la Terre 616, autrement dit les originaux (cf. notre dossier sur les différents univers Marvel).

Avec Deadpool, on se doute que l'on a de l'humour et des moments assez déjantés. Layman s'en sort très bien à ce niveau, dès la scène d'introduction de ce brave Wade Wilson d'ailleurs. Si Hulk a quant à lui droit à une version alternative de lui-même assez... effrayante, c'est surtout le nouveau Spider-Man, ou plutôt l’Étonnante Araignée, qui se révèle être la grande réussite de l'histoire.
Outre un nouvel accoutrement (cf. notre grand dossier sur les costumes de Spider-Man), ce Parker flirte allègrement du côté de DC Comics puisqu'il a la force de Superman (il est si puissant que les Fantastic Four ont pris leur retraite, jugeant qu'ils étaient inutiles) et la plupart des attributs de Batman : spider-mobile, manoir, un repaire plein de gadgets et pas mal de pognon. Ah ça change de l'autre nouille avec sa tantine.
L'oncle Ben, et son amusante variation du célèbre adage concernant le pouvoir et les responsabilités, sont également aussi inattendus que bien pensés. Dommage finalement que le reste de cette "spider family" revisitée ne soit pas plus utilisée.
Deadpool et Hulk auront aussi droit à leurs versions alternatives, plutôt réussies elles aussi.

En ce qui concerne la VF, le bimestriel de Panini contenait également une courte histoire mettant en scène Wolverine et de nouveau Deadpool, avec un scénario de Stuart Moore et des dessins de Shawn Crystal. Logan doit buter un robot qui bouge tout le temps, du coup, il fait appel à Deadpool pour faire diversion... ça s'agite dans tous les sens, les planches ne sont pas terribles, bref, c'est sans intérêt, mais disons que ça fait office de bonus.

Un récit complet sympathique, clairement pas indispensable mais offrant un bon moment de lecture grâce à des auteurs qui visiblement s'amusent bien à bâtir des versions alternatives assez jouissives des personnages Marvel.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un Tisseur "batmanisé".
  • Un humour bien dosé et efficace.
  • Un style graphique adapté aux combats bien bourrins.
  • Le côté "team-up".
  • Encore trouvable d'occasion à petit prix.

  • Certains aspects ou personnages sous-exploités, mais difficile de faire beaucoup mieux en trois épisodes.

http://umac2.blogspot.com/2019/09/spider-manhulkdeadpool-identity-wars.html

Aux Origines du label Marvel Max : Fury



Retour au début des années 2000 avec Fury : Lève-toi et marche, une mini-série qui inaugura à l'époque le label Max.

Nick Fury s'ennuie. Il n'est plus sur le terrain. Les temps ont changé et le voilà bombardé "directeur exécutif du planning opérationnel initial et intermédiaire". Pas vraiment la place d'un vieux bourlingueur.
Lorsque Nick rencontre Rudi Gagarine dans un bar, les deux hommes évoquent leurs anciennes guerres secrètes. États-Unis contre Union Soviétique, SHIELD contre Hydra. Le bon vieux temps des manipulations, des opérations commando et des assassinats. Pour se remettre en selle et faire passer ses élans nostalgiques, l'ancien ennemi de Fury va l'entraîner dans un conflit qui risque de dégénérer rapidement. Une petite île du pacifique est bientôt l'objet de tensions internationales. Une république communiste est mise en place, Cuba et la Chine la soutiennent, les États-Unis menacent d'intervenir.
Fury va avoir sa guerre.
Des gens vont mourir mais ça n'a pas d'importance. Pas vraiment. Car Fury sait qu'au final, quels que soient les gagnants, le monde sera toujours aussi merdique.

C'est à l'aube du XXIème siècle que Marvel lance la ligne Max, censée regrouper des récits musclés et hors continuité. L'on va donc y trouver du matériel adulte, parfois très dur (cf. justement le Punisher de Garth Ennis), des auteurs qui peuvent laisser libre cours à leurs penchants les plus extrêmes, et une prise de liberté avec l'univers classique de la Maison des Idées. Toutefois, à part de rares exceptions (comme le décevant War is Hell), les comics publiés sous le label Max gardent un lien très net avec le marvelverse, notamment par l'intermédiaire des personnages.
À l'époque, pour le coup d'envoi de cette nouvelle gamme, c'est à l'excellent Garth Ennis (Preacher, The Boys, La Pro...) que l'éditeur américain fait appel. Accompagné de Darick Robertson au dessin, l'auteur va mettre en scène Nick Fury (cf. encadré ci-dessous), un baroudeur jouant parfois un rôle central dans certaines sagas mais qui reste finalement peu connu du grand public.


Des choix loin d'être innocents puisque, si Fury est connu pour sa rudesse et son côté rentre-dedans, Ennis est lui un spécialiste des récits violents et transgressifs. L'idéal donc pour se démarquer d'entrée de jeu des gammes plus "gentillettes" et orientées tout public.
Les habitués reconnaîtront ici quelques tics de Garth Ennis au niveau des personnages : le loser un peu décalé et poissard qui gonfle tout le monde (ici le neveu adoptif de Fury, qui peut faire penser au Soap de la série Punisher (cf. la scène #31 de notre Bêtisier Marvel)) ou encore le quasi monstre de foire, à la fois drôle et pathétique (Fuckface, qui évoque le Tête-de-Fion de Preacher). L'on retrouve également l'ultra-violence ou les allusions sexuelles plus ou moins appuyées chères au scénariste mais, surtout, l'on peut déjà sentir l'acidité du propos derrière l'exubérance des scènes.

Car Ennis est tout sauf un chantre du politiquement correct auquel certains auteurs cèdent si facilement en se donnant des airs de rebelles éclairés. Cela ne veut pas dire qu'Ennis est sans reproche. Il utilise aussi ici quelques facilités (ou des raccourcis disons) idéologiques, mais il n'aboutit pas forcément à des conclusions angéliques et monolithiques pour autant. La frontière entre ses "méchants" et ses "gentils" est mince, ses héros sont cassés, aigris, ils ont les mains sales et la conscience qui taraude. Ennis n'hésite pas à dire à ses lecteurs qu'un héros, c'est tout sauf Tintin. Un héros, c'est un type qui baise, qui picole, qui a de la merde sous les ongles et qui serre les dents lorsqu'on lui demande de sourire devant les caméras. Sans doute parce qu'il a trop morflé pour avoir le rictus facile.
Et cette volonté de briser l'imagerie classique du bon samaritain, d'aller au-delà des apparences, est tout à fait respectable. Mieux, c'est un souffle d'air frais qui rend les planches plus légères et l'histoire plus profonde.

Nick Fury : badass par nature, héros par devoir 

Soldat d'élite, ancien agent de la CIA, ex-directeur du S.H.I.E.L.D. et spécialiste des coups fourrés, Nicholas Joseph Fury est de ces personnages cultes qui font partie intégrante de la mythologie Marvel. S'il est respecté (souvent) et craint (toujours) par la plupart de ceux qui croisent sa route, c'est que le gusse a bourlingué, c'est le moins que l'on puisse dire. Entre sa participation aux grands conflits mondiaux (s'il a l'air de ne pas vieillir, c'est à cause d'une potion qu'il a ingurgitée et qui, effectivement, ralentit son vieillissement : pratique pour garder la forme et résoudre certains problèmes scénaristiques), sa lutte contre le terrorisme et son habitude de côtoyer et gérer des surhumains bardés de pouvoirs, le type impressionne. Calme, sûr de lui, il a l'apparente froideur de ces gens qui survivent à tout.

Ses méthodes ? Celles qui sont efficaces. La fin justifie souvent, chez lui, la plupart des moyens. Le président ne souhaite pas prendre en compte son avis ? Peu importe, il recrute une équipe et mène une guerre secrète jusqu'en Latvérie. Il doit récupérer un virus en Russie ? Pas de problème, il y envoie le Punisher. La loi, il la respectera lorsqu'il aura le temps, lorsque les problèmes seront réglés, lorsqu'il fera beau. Un jour, peut-être.
Malgré tout, il ne fait peur qu'aux véritables salopards, pas vraiment au lecteur qui lui garde une certaine sympathie malgré son statut de barbouze aux solutions expéditives. Et en effet, il est difficile de le prendre en grippe ce bougre-là, tant il incarne ce type de héros "larger than life" qui peut s'affranchir des petits règlements intérieurs puisqu'il se bat pour le Bien, un Bien à l'ancienne qui ne s'embarrasse pas de détails ou de teintes de gris. Pour incarner le grand Nick, on imagine facilement un Clint Eastwood vers la cinquantaine, cabossé mais cognant dur.

Pendant la guerre civile qui divisa la communauté super-héroïque (cf. Civil War), c'est lui qui, invisible mais efficace, va fournir un abri à son vieil ami Steve Rogers et aux rebelles. Car, bien sûr, en espion prévoyant, il a toujours un coup d'avance, un repaire sous la main et quelques ficelles à tirer. Et entre l'organisation d'un putsch et la destruction d'un nid de terroristes, il a encore de l'énergie à revendre. Une preuve ? Le lit king size dans lequel reposent, à côté de lui, pas moins de trois demoiselles, apparemment endormies et satisfaites (cf. "Mère Russie", le tome 4 du Punisher dans la collection Max). L'on retrouve d'ailleurs pratiquement la même scène dans le récit dont il est question dans cet article (cf. illustration ci-contre). Eh oui, quand on est un homme, un vrai, les gonzesses, on se les tape par brochettes de trois !

Évidemment, ces clichés, volontairement excessifs et assumés comme tels, renforcent encore plus le côté "énorme" du personnage. Si Fury n'a pas le fan club d'un Spidey ou d'un Wolverine, il faut reconnaître qu'il est l'un des rouages importants du marvelverse. Présent dans les coulisses d'un pouvoir qu'il ne respecte pas vraiment, il agit dans l'ombre pour, à sa façon, arranger les choses. Il a son propre code de l'honneur, sa propre vision de ce qui est juste ou non et un certain sens de l'amitié et de la droiture. Il est entier. Rassurant par son côté tranché. Inventif, présent lorsqu'il le faut, c'est lui que l'on appelle lorsque l'on est dans une situation désespérée et que les moyens habituels de se sortir du pétrin ne fonctionnent plus. Le genre de mec que l'on est prompt à condamner dans l'absolu mais que l'on aimerait connaître dans la réalité, sans trop oser se l'avouer. Et si vous le croisez dans le hall d'un aéroport, que vous lui faites remarquer qu'il n'a pas le droit de fumer ici et qu'il vous répond un sobre '"va chier", excusez-le... lorsque l'on est occupé à sauver le monde, l'on n'a pas toujours le temps d'en suivre les règles. 


Niveau graphisme, l'on est dans du classique, semi-réaliste, avec de vraies "tronches" et une représentation non-aseptisée de la violence. Quelques scènes plutôt osées (comme un type qui se fait étrangler avec ses propres intestins, ce qui est somme toute assez rare) justifient tout à fait l'avertissement présent sur la couverture.
Reste à aborder la traduction... et là, putain, c'est pas triste ! Pour l'identité de la traductrice, je vous le donne en mille... eh oui, c'est la championne du monde, la déesse de la "translation" : Geneviève Coulomb. Alors si vous ne la connaissez pas, comment vous dire... imaginez une Eve Angeli sous acide en train de lire Nietzsche dans le texte et vous aurez une idée du niveau d'incompréhension totale et de nullité crasse que peut atteindre Coulomb (cf. le long encadré de cet article pour plus de détails).

Ici, elle continue de maltraiter des auteurs qui ne lui ont rien fait. Niveau erreurs, il y a un peu de tout, je vais donner quand même quelques exemples. Un truc récurrent chez elle, c'est les expressions "presque" bonnes. C'est à dire que l'on comprend ce qu'elle a voulu dire mais il manque tout de même toujours un petit quelque chose pour que la phrase soit correcte, genre "les troupes ont d'ordre de se borner à observer", ou encore "nous n'enverrons pas les marines avant plus ample informé". Et même quand c'est plus ou moins juste sur le plan de la langue, on retrouve les magnifiques tournures dont elle a le secret (ceux qui ont survécu au récit illustré Elektra & Wolverine savent ce qu'est la souffrance presque physique qu'engendrent les écrits coulombiens pour le lecteur). Mais parfois, ça devient drôle. Comme quand elle doit traduire une heure exprimée par des militaires. Or, visiblement, elle ne sait pas du tout comment faire. Et, comme à chaque fois qu'elle est devant un truc qu'elle ne comprend pas - autant dire souvent - au lieu de chercher à savoir, elle tente le coup en improvisant. Ce qui donne "décollage à 1300 heures". Au bout d'un moment, elle se rend compte que c'est un peu foireux, alors elle change carrément de méthode en cours de route (mais sans corriger ce qu'elle a fait avant !). Elle passe donc des chiffres aux lettres, et là on a un "zéro-huit-cents heures" qui ne veut toujours rien dire (la traduction correcte serait "huit zéro zéro" dans le jargon militaire).
Bref, si vous le pouvez, optez pour la VO. Sinon, pour une vingtaine d'euros en occasion, vous aurez droit à cette parodie d'adaptation, sortie en 2009 chez Panini.
Notons qu'Ennis retrouvera bientôt Nick Fury dans une mini-série dédiée à l'un de ses personnages fétiches (cf. cette news). Inutile de dire que l'on attend ça avec impatience.

Une mini-série bourrée d'action, d'humour et de cynisme, et presque historique puisque marquant le début d'un label important pour Marvel. Avec Ennis aux commandes, ce qui est un plus indéniable.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La qualité d'écriture d'un Ennis qui se paie le luxe d'être à la fois bourrin sur la forme et subtil sur le fond.
  • L'ambiance graphique.
  • Le côté non manichéen.
  • L'humour décalé. 

  • La VF, franchement à chier.

http://umac2.blogspot.com/2019/08/aux-origines-du-label-marvel-max-fury.html

Time Lost - Tome 1 : Opération Rainbow 2

Nous sommes tous prisonniers d'une expérience de voyage temporel.
Tous ceux qui tentent ce "saut" se retrouvent coincés ici, à cette période et dans cette région.
Comme si tous les fils du temps étaient enchevêtrés dans un grand sac de nœuds.
Et ce nœud temporel, c'est "ici".

Captain Bettie - USS Reprisal - Opération Rainbow 2


Time Lost est la nouvelle série des éditions Soleil (sortie prévue la dernière semaine d'août 2019) née de la collaboration entre Jean-Luc Sala (QuestorCross Fire...) au scénario et Afif Khaled (Les chroniques de Centrum) au dessin.
Le duo nous a déjà offert le tome 8 de Kookaburra Universe (Le dernier vol de l'enclume) et le tome 2 de Les Divisions de Fer.
Avec ce Time Lost, ils prouvent que l'alchimie fonctionne toujours et, étant cette fois à l'initiative de la série (dont j'espère qu'ils ne céderont pas les manettes à d'autres tant ça marche bien ainsi), ils nous offrent un univers bien à eux qui est juste assez sérieux pour que les idées idiotes soient drôles et juste assez drôles pour que les aspects sérieux ne soient pas indigestes.

Vous voyez, le blondinet un peu lourdingue, là ? C'est Josh et ce sera notre principal comic relief. On se moque gentiment du petit macho : efficace !

Troisième Reich, dinosaures, méchas et pom-pom girls !

La base du scénario de cette BD est un "What if ?" comme on les aime... enfin, comme je les aime et c'est déjà pas mal.
Pour vous prouver la chose, voici le pitch proposé par Soleil pour illustrer la sortie de ce premier tome : "Et si à de nombreuses reprises depuis les travaux d'Einstein, des essais de voyages avaient déjà été tentés, sans retour possible, piégeant dans une zone hors du temps ces infortunés cobayes ? C'est là, où se poursuit une guerre mondiale, que trois jeunes gens vont devoir survivre aux côtés de troupes d'élite de Patton, de dinosaures, Nazis, robots géants et autres pom-pom girls !".
Alors ? Ce n'est pas un peu intrigant, ça ? Allez, ne soyez pas malhonnêtes : avouez que ça vous démange d'en savoir plus. 
Mais regardez-moi cette couverture à droite et osez me dire que vous n'êtes pas au moins un peu intrigué !  
Alors vous vous attendez à quoi, bande de petits bédévores geeks, hein ? À une sorte de nanar version papier, hein oui ? Ah, je vous vois venir ! Vous pensez à Iron Sky (que ceux qui ignorent ce que c'est regardent ce film... à leurs risques et périls) !
Mais non, ce n'est pas un Iron Sky à phylactères. C'est mieux. Parce que c'est moins absurde. Et, du coup, c'est bien plus exploitable sur la longueur (on veut une série, non ?).

Voyage dans le temps

Souvent, les voyages dans le temps, ça vous farcit une histoire de mille paradoxes plus ou moins assumés, plus ou moins conscients, plus ou moins acceptables.
Ici, dès le départ, Sala décide de nous livrer une histoire qui tend un bon gros majeur de catcheur (je fais des dédicaces à Stone Cold Steve Austin si je veux !) à toutes les théories des nerds de tous poils sur les sauts temporels. Oubliez les univers multiples, les paradoxes, les failles, les trous de ver et autres bidules qui ne tiennent pas la route ou qui demandent six cerveaux pour être compris... L'auteur nous annonce d'emblée que le temps est une sorte de chaton :  c'est tentant de jouer avec, de le tripatouiller et de le retourner dans tous les sens mais si tu veux faire mumuse avec lui, il te griffe jusqu'au sang.
On a donc divers voyageurs temporels (volontaires ou non) de diverses époques qui se retrouvent tous dans une sorte de décharge temporelle dans laquelle tout est fait pour leur faire payer leur arrogance. Ici, visiblement, les griffes du chaton sont des dinosaures ! Oui, l'espace-temps où se retrouvent les voyageurs et (idée amusante) une partie de leur environnement semble bien être une région relativement restreinte située au temps où un certain T-Rex jouait les gros durs.
Comme une partie du décor se déplace avec eux, ils ont des bâtiments et objets qui leur sont contemporains et ils se débrouillent pour les adapter peu ou prou à leur nouvel habitat (d'où les méchas).
Autre trouvaille : il semble que dans ce creuset hors du temps, il n'y ait pas vraiment de temps : ils ne vieillissent pas... mais ils peuvent crever comme des insectes si un dino passe par là et a un petit creux !
Vous l'aurez compris, c'est très décomplexé et forcément, moi qui aime rigoler et qui apprécie quand la SF ose se départir de ses frilosités, je n'ai pu qu'adhérer !

J'aime les jeux de figurines, comme ça commence à se savoir.
Alors quand je vois ça, moi, j'ai un sourire somatique en pensant : "Dust : Tactics" !

Un casting varié

Ce genre de récit n'aurait qu'un intérêt très relatif si tous les protagonistes venaient de la même époque et nous avons donc ici, pour une raison parfaitement logique, des protagonistes appartenant à l'armée nazie et d'autres officiant pour Patton mais aussi quelques-uns de nos contemporains se permettant de flatter notre geekitude en lâchant de multiples références à notre époque et à la culture mainstream en lien avec la préhistoire et la seconde guerre mondiale.
Prenez des militaires US de l'opération Paperclip, teigneux et avides de dessouder du nazi, un ancien quartier-maître de la Navy bossant de nos jours dans le musée national de l'aviation navale de Pensacola, deux cheerleaders et un joueur de soccer (oui, un footeux, quoi !) de la génération snowflakes et vous imaginez déjà que l'auteur va pouvoir, dans les tomes suivants, s'amuser en décrivant leurs relations interpersonnelles.

Oh comme je sens que ce barbu va me plaire ! C'est le fameux ancien quartier-maître et le gars a de la punchline en réserve et pas mal de caractère ! 

Dans les tomes suivants ?

Eh oui ! Parce que ce tome 1, pour agréable qu'il soit, est juste la mise en jambes. C'est déjà intéressant, drôle, délirant et inventif mais c'est une introduction. L'auteur vient de vous expliquer les règles du jeu mais il n'a pas encore abattu beaucoup de ses cartes. Nombre de personnages évoqués ne sont pas encore apparus à l'image depuis leur saut dans le temps et le saut de tous n'a pas encore été raconté. Il y a de la matière : l'histoire de chacun avant le voyage temporel, ce qu'il fait depuis son arrivée en plein Jurassic Park géant...
D'ailleurs, le seul voyage déjà raconté est celui qui fut accidentel. Ce qui et intelligent : ça en dévoile très peu, du coup !

Noah Appelbaum (oui, ils s'appelle "pommier", oui) est un scientifique juif forcé par les Nazis à développer
la "répulsine" à voyager dans le temps.  Il me tarde de voir son histoire se dévoiler davantage.

Et techniquement, qu'est-ce qu'il y a sous le capot ?

Scénaristiquement, c'est rythmé et amusant. Pas de longueurs, pas d'explications inutiles mais, paradoxalement, juste assez de place pour nous présenter par le dialogue les personnages et introduire de-ci de-là l'humour nécessaire à un scénario aussi barré.

D'un point de vue purement graphique, ne vous attendez pas à une mise en page révolutionnant les codes du langage de la BD... si vous cherchez çà, lisez plutôt l'excellent Dans la tête de Sherlock Holmes dont je vous ai déjà parlé et auquel je ne peux m'empêcher de refaire allusion si l'on évoque le langage bédéistique de haut niveau.
Non, ici avec Khaled, attendez-vous à une mise en page classique mais à un dessin précis, efficace et tirant sans doute un peu vers les comics (la colorisation punchy y est aussi pour quelque chose) avec toutefois quelques codes européens bienvenus.
On remarquera le parti pris du dessinateur de nous offrir de très nombreuses cases très larges, voire panoramiques, souvent habitées par des personnages en plan américain (on voit le personnage de la tête aux cuisses, comme dans les westerns où il fallait montrer les holsters) ou en plan rapproché (on voit la tête et le buste). Ça offre un découpage très agréable et d'une grande lisibilité même si, une seule case habitant parfois toute la largeur de la planche en en explosant même parfois les marges, ça réduit le nombre de cases et fait évidemment de cette BD un ouvrage qui se lira assez rapidement. Mais c'est pas mal ainsi... c'est vraiment de la lecture-divertissement et ça convient bien au genre "SF foutraque" (oui, j'invente des genres ridicules si je veux... je m'émancipe, moi, dans cette chronique, non ?).


Non, sans doute pas, non. Mais le lecteur oui, il y a de fortes chances.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Le scénario est totalement décomplexé.
  • Le pied de nez au voyage temporel.
  • Le dessin est très agréable et bien maîtrisé.
  • La mise en couleurs et le découpage dynamisent bien la BD.
  • Nazis, dinosaures, pom-pom girls... allez, quoi !

  • Ça se lit très vite... mais ça se lit avec gourmandise !
  • Ça va forcément faire lever les yeux au ciel des lecteurs exigeant du sérieux à tout prix. 
  • Vous vous sentirez un peu coupable : "Pourquoi j'aime ça, moi ?". Mais on n'a que le bien que l'on se fait, non ?

http://umac2.blogspot.com/2019/08/time-lost-tome-1-operation-rainbow-2.html

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